Dans son livre, Rustico, une paroisse acadienne de l'île
du Prince-Édouard (1938), page 56, Joseph-Henri Blanchard écrit
: Louis dit Nini Blaquière est mort
noyé sur les côtes d'Halifax en 1812. Il n'écrit rien de plus.
Ce renseignement aurait été recueilli oralement à
l'île du Prince-Édouard
auprès des aînés de Rustico par Joseph-Henri Blanchard lui-même, du
moins, c'est l'impression qu'il nous laisse quand on lit son livre
au complet. Il y a tout lieu de croire cependant que ce renseignement
provient plus exactement de l'archiviste Placide Gaudet 1850-1930, qui
l'aurait fort probablement obtenu de la bouche même des enfants de
Louis «Nini» Blaquière.
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Rindlisbacher >>>
Une phrase recueillie dans une
lettre
que Placide Gaudet a écrite à Arthur Blaquière le 28 octobre 1926,
douze ans avant la parution du livre de
Joseph-Henri Blanchard, nous confirme cette hypothèse : La tradition, écrit-il, que j’ai
recueilli, il y a plusieurs années, à l’île du Prince-Édouard...
Jusqu'à ce jour, outre les notes de Placide Gaudet, aucun autre document relatif au décès de notre ancêtre Louis dit Nini (L'Aîné) Blaquière 1760-1812 n'a pu être trouvé. En 1812, Louis dit Nini Blaquière avait 52 ans. Mais sachant qu'il était bon maître d'équipage et caboteur, selon le recensement de Miquelon fait en 1784, alors qu'il n'avait que 24 ans, le texte suivant peut faire réfléchir sérieusement au fait que notre ancêtre n'est pas simplement disparu à cause d'une banale noyade près des côtes d'Halifax. Guerre de 1812 – Invasion du Canada Guerre sur l'eau et disparition de Louis «Nini» Blaquière 1760-1812 Ce
volet de la guerre de 1812 est fait de plusieurs batailles presque
indépendantes. En haute mer, la marine américaine remporte des
victoires dans bon nombre d'événements impliquant un vaisseau unique
contre une frégate. Les frégates britanniques sont généralement plus
petites et possèdent moins d'hommes que leurs adversaires et sont
souvent désavantagées par l'artillerie et la maniabilité supérieures
des Américains. Dans un seul cas, celui du HMS
Shannon
contre le USS
Chesapeake, les Britanniques ont l'avantage, et le vainqueur ramène
l'infortuné Chesapeake au port de Halifax. Malgré ses déboires, la
Royal Navy a plus de navires que la marine américaine et conséquemment
est capable de maintenir un blocus serré sur les eaux américaines et
peut transporter avec succès des soldats de l'armée britannique sur les
rivages américains. Un élément important de la guerre, des deux côtés,
est la prise comme butin de guerre des bateaux marchands de l'ennemi.
Tant les navires de guerre que les corsaires (navires civils
commissionnés par des lettres de marque) fondent sur les bateaux
ennemis comme sur des proies. Dans les Maritimes, certains amassent des
fortunes considérables par la vente des navires capturés et de leur
cargaison. Sur les eaux confinées des Grands Lacs et du lac Champlain,
le contrôle des eaux est crucial au succès des opérations terrestres.
Pendant une bonne partie de la guerre, les commandants rivaux, sir
James Yeo de la Royal Navy et l'Américain Isaac Chauncey, font
manœuvrer des bateaux en quantités et en dimensions toujours plus
grandes, sans jamais risquer de défaite catastrophique. Lorsque des
subalternes britanniques risquent le tout pour le tout dans des
initiatives isolées en 1813 sur le lac Érié et en 1814 sur le lac
Champlain, ils sont défaits et les opérations militaires britanniques
dans cette région s'effondrent.
En
fait, tout a commencé avec Napoléon, car sans lui il n’y aurait pas eu
de guerre. (Le président des États-Unis, James Madison, remarquait par
la suite que, s’il avait prévu la défaite de Napoléon, son pays ne
serait jamais entré en guerre.) Livrant une lutte sans merci à la
France, la Grande-Bretagne faisait
porter tous ses efforts de guerre
sur la mer. Qu’une Amérique neutre, tirant des avantages économiques de
la situation, soit quelque peu bousculée en haute mer était certes
regrettable mais inévitable. Pour les Britanniques, en effet,
l’Amérique était une nation faible et de peu d’importance, que l’on
pouvait malmener impunément. Le Courier de Londres n’affirme-t-il pas «
qu’il suffirait de deux navires
de cinquante canons pour brûler, couler et anéantir l’ensemble de la
flotte américaine
» ? Cet état d’esprit permet de comprendre la politique adoptée par la
Grande-Bretagne, dont les vaisseaux arraisonnaient systématiquement les
navires américains et enrôlaient de force leurs matelots au service de
la Marine Royale sous prétexte qu’ils n’étaient rien de plus que des
déserteurs britanniques. Cette mesure
pour le moins cavalière fit des milliers de victimes (de trois à sept
milles) et exaspéra les Américains au point qu’elle constitue l’une des
principales causes de la guerre. Les décrets du Conseil
n’étaient pas moins vexatoires à leurs yeux. Le dernier d’entre eux,
promulgué en novembre 1807, visait indirectement les Français. Au
mépris des droits des pays neutres et de la puissance maritime des
Américains, les Britanniques déclarèrent qu’ils s’empareraient en haute
mer de tout navire se dirigeant vers un port napoléonien. En 1812, ils
avaient capturé près de quatre cents vaisseaux américains, certains à
proximité des côtes des États-Unis, et avaient littéralement ruiné le
commerce extérieur de ce pays.
De là à penser que notre ancêtre le caboteur et maître d'équipage Louis dit Nini (L'Aîné) Blaquière 1760-1812 soit disparu avec son navire dans le plus parfait anonymat près des côtes d'Halifax, par naufrage ou autrement, victime parmi plusieurs milliers d'autres des allégations de ces nombreuses incursions britanniques, la conclusion semble manifestement évidente. Source : http://www.collectionscanada.ca/militaire/h13-5010-f.html
Berton, Pierre - L’invasion du Canada 1812-1814, page 19 et 20 Deux tomes, traduit de l’anglais par Michèle Venet et Jean Lévesque Les Éditions de l’homme, Montréal, Canada, 1980 Tome 1, Les Américains attaquent, 372 pages Tome 2, L’assaut du Québec, 510 pages |